Circling

Depuis quelques années Viriya Chotapanyavisut défini un univers que nous connaissons, que nous habitons, qui n’échappe pas à notre regard mais que nous oublions, incessamment. Un univers que nous voyons mais que nous n’observons pas. Un univers désuet, sur lequel s’arrête parfois notre regard mais seulement lorsque notre pensée l’abandonne, nous regardons sans voir, sans réfléchir. Une trace qui défini un terrain de sport, un tuyau de caoutchouc motié plongeant, moitié flottant sur un lac, un smartphone qui contient presque tout de notre monde abandonné au sol. Ce sont des objets d’observation sans autre importance que de réfléchir, ou de jouer un instant avec, la lumière. Et c’est toute l’obsession de l’artiste que de traquer dans les endroits les plus abandonnés d’attention les phénomènes infinis de la lumière.
Et ce désuet que d’habitude nous ignorons, se transforme dans les photos de Viriya Chotpanyavisut en événement concret qui montre les conditions de notre visibilité du monde : la lumière. C’est le sujet de tous les photographes, de fait... Mais l’expérience unique de l’œuvre de Viriya est de nous redonner la lumière dans ses manifestations les plus modestes et pourtant les plus irréfutables.
Viriya Chotpanyavisut a fait ses études à Cergy parce qu’il voulait, entre autres, étudier dans le pays qui plus qu’un autre, a travailler avec la lumière comme source et aussi finalité de l’œuvre. Le sujet photographié est d’importance, bien sûr, mais à la condition qu’il se révèle comme fait de lumière aussi.
Avec un œil d’une autre culture, la culture thaïlandaise, qui donne à chacune de ses photos, même celle qui paraît la plus banale, une étrangeté. Cette étrangeté est la condition de l’attention que nous pouvons enfin porter sur notre propre culture, nos jardins, nos architectures, nos terrains de sport, et sur la lumière qui se signale partout.